La Camargue au XXème siècle

[smartad id='3' align='center']
 

Après nous être intéressés, lors des deux précédents articles, à l’histoire de la Camargue depuis l’antiquité jusqu’à la fin du 19ème siècle, je vous propose aujourd’hui d’ouvrir ensemble le 20ème siècle.

La première moitié du 20ème siècle en Camargue est notamment marquée par le marquis Folco de Baroncelli-Javon. Issu d’une aristocratique famille florentine, installée à Avignon, Folco est né en 1869 à Aix et fait ses études à Nîmes, où il rencontre Mistral.

Le Marquis Folco de Baroncelli Javon
Le Marquis Folco de Baroncelli-Javon

A cette époque les grands domaines agricoles possédaient quelques taureaux, destinés aux travaux des champs et lâchés le reste du temps dans les zones humides et salés dont ils assuraient l’entretien en pâturant. Ce troupeau vivant à l’état semi-sauvage était appelé la manado, du mot provençal pour désigner le contenu d’une main, indiquant la faible quantité de bétail représentée. Cependant, leur état semi-sauvage et leur rapidité à la course a initié des jeux très appréciés des villages qui en faisaient la principale attraction des moments de fête. Des ronds ou plans de charrettes étaient provisoirement aménagés à cet effet.

En 1899, le Marquis s’installe aux Saintes-Maries-de-la Mer, au mas de l’Amarée, s’attellant avec d’autres à la reconquête de la pure race Camargue et participant activement à la codification de la course camarguaise naissante. C’est en ce sens, qu’en juillet 1909, il crée la Nacioun gardiano (Nation gardiane), qui a pour objectif de défendre et maintenir les traditions camarguaises. C’est aussi lui qui impulse l’unification vestimentaire des gardians, costume que l’on retrouve encore de nos jours.

Pendant la guerre de 1914-1918, il est interné au fort de Peccais, pour des propos anti-militaristes. Puis connaissant des problèmes financiers, il doit quitter le mas de l’Amarée dont il n’est que locataire. Les Saintois se cotisent, lui offrant un terrain sur lequel il construit une réplique du mas de l’Amarée, le mas du Simbèu. Le marquis est donc un homme de conviction, aux multiples combats, dont celui en faveur des Républicains lors de la guerre d’Espagne, ou du maire communiste des Saintes-Maries-de-la-Mer avec la reconnaissance du pélerinage. La seconde guerre mondiale lui est fatale, expulsé de son mas car réquisitionné, il s’éteind en 1943.

Lors de cette terrible guerre, le régime de Vichy construit, en Camargue, Le camp de Saliers, sur la commune d’Arles, un camp de concentration réservé aux nomades. Sept cents gitans y furent internés entre 1942 et 1944 dont beaucoup moururent de faim, de maladie, de froid ou de mauvais traitements.

Camp d'internement de gitans
Camp d’internement de gitans

Dans cette première moitié du 20ème siècle, la viticulture, déjà présente, se développe fortement car exemptée du phylloxera, de par la nature de son sol et l’irrigation. Elle connait une extension maximale dans les années 1930, avec près de 8 000 hectares d’où sa qualification de productrice industrielle de vin, en témoigne la toponymie avec par exemple le quartier de Pissevin.

Jarras-Listel, le plus grand vignoble d’Europe

Cependant, l’après guerre voit le vignoble camarguais régresser jusqu’à devenir une culture marginale. C’est ensuite la riziculture qui connait un essor important, à partir de 1942, époque où la France, coupée des pays d’Outre-mer, peine à s’approvisionner en riz. Le plan Marshall, en 1946, contribue encore à l’extension des parcelles rizicoles. Cette intensification, accompagnée de celle du maraîchage, accentuent l’industrialisation et l’urbanisation de la Camargue et entrainent, par conséquence, la régression des zones humides dans le delta.

Depuis 1960, la Camargue vit principalement du tourisme dont le développement à compter des années 1980 se veut mieux maîtrisé.

A partir des années 70, des mesures de protection sont mises en place afin d’éviter la perte de ces espaces naturels fragiles. Un nouvel équilibre est alors recherché entre le développement économique et la protection de l’environnement. A la fois artificielle et sauvage, investie et protégée on lui cherche une identité.

Cette quête d’une harmonie et les prévisions d’évolution du climat posent les délicates questions des enjeux de notre territoire, c’est ce que nous verrons bientôt.

Sophie Pages

Vous pouvez retrouver Sophie et sa chronique « carte blanche »
tous les 3èmes et 4èmes mercredi du mois, à partir de 19h, sur Radio Système.

www.radiosysteme.fr/

Chronique Sophie Camargue De Nos Jours

[smartad id='7' align='center']

A propos de l'auteur :

Guy Roca