La Talève sultane ou la Poulo d’Aïgue d’Égypte (en occitan), sont les noms donnés à cet étrange oiseau. Dans le passé, celui-ci était déjà connu dans la région, mais il a fait son retour en Camargue gardoise autour des années 1995/1996. La Talève est très sensible au froid et se trouve dans le Gard, au nord de son aire de répartition. Ceci explique sa disparition pendant de longues périodes.
Les romains connaissaient bien cet oiseau et c’est peut-être eux qui l’ont introduit en Europe et plus particulièrement en Camargue. Elien le sophiste (175-235 ap. J.-C.), historien romain, dit que le Porphyrion (nom antique de la talève) est un bel oiseau et que les gens riches en élèvent. On le laisse même entrer dans les temples. Oiseau d’ornement chez les romains, il avait la réputation de dénoncer les crimes d’adultère en se donnant la mort.
La Talève sultane est un oiseau étrange à bien des égards. Les couleurs de son plumage sont surprenantes : bleu, blanc et rouge, difficile de passer inaperçu avec de tels atours. Son allure ne manque pas d’étonner : l’oiseau est juché sur de longues pattes avec de très longs doigts et sont bec épais, surmonté d’une caroncule rouge, lui donne un drôle d’air. Sa façon de manger n’est pas commune non plus et que dire de ses cris variés et tonitruants. Un oiseau vraiment pas comme les autres qui ne cesse d’étonner les curieux, venant parfois de très loin pour l’admirer, dans nos marais.
Jean-Pierre Trouillas