Chaque année a lieu ce rituel, indispensable, pour maîtriser la reproduction en vue d’obtenir les meilleurs cocardiers possibles. Le bistournage ou castration permet également d’éviter les combats entre taureaux et donc de nombreuses blessures pouvant entraîner la mort de l’un d’entre eux. Les taureaux entiers sont aussi plus agressifs envers les gardians et les cavaliers. Outre la stérilisation, le bistournage modifie profondément le physique et le comportement du taureau. Toutefois la combativité en piste est conservée mais il est moins fantasque et plus difficile à berner.
Bistourner vient du provençal « bistouna » ce qui veut dire tourner deux fois. C’est ainsi que l’on procédait alors avec le scrotum du taureau. Une corde était mise en place pour maintenir les testicules dans cette position contrainte, puis retirer au bout d’une semaine. Aujourd’hui si l’on a conservé ce vocable on procède tout autrement. C’est l’utilisation d’une pince dite « Burdizzo » qui s’est généralisée. Celle-ci permet d’écraser le cordon testiculaire. L’intervention et rapide et ne dépasse pas le quart d’heure.
Le bistournage est l’occasion pour le manadier d’inviter des amis et des inconditionnels de la marque. L’opération demande une organisation parfaite et beaucoup d’hommes expérimentés, tant pour minimiser le stress du taureau que pour la sécurité des participants.
Ce samedi 3 décembre, comme convenu, nous nous retrouvons aux Iscles, où nous sommes accueillis par les manadiers Jacques Blatière et ses neveux Laurent et Pierre Bessac. Après avoir salué ses invités, Jacques se met en place pour superviser les opérations.
Dans le toril le taureau est déjà entravé aux cornes par une bourgine. Dès sa sortie dans le bouaou, des hommes placés à l’extérieur de celui-ci vont tirer sur cette dernière pour contraindre le taureau et finalement l’immobiliser contre la palissade. Une seconde corde va permettre de maintenir la tête immobile. A ce moment là, d’autre personnes descendent en piste. La sabatière est alors passée sous le ventre de l’animal et enserre les pattes arrières. Elle va permettre de déséquilibrer le taureau et de le coucher. Maintenu fermement dans cette position, le bistournage proprement dit va pouvoir être effectué. Le taureau va être ensuite libéré, en détachant en premier ses pattes avant puis ses pattes arrières et sa tête. A ce moment là, plus personnes n’est en piste. Un leurre, constitué d’un sac juché sur un support léger est placé au milieu du bouaou. Le taureau enfin détaché de ses entraves, va charger ce dernier pour libérer les tensions qu’il a accumulées, il ira ensuite rejoindre ses congénères dans les prés.
Les trois taoù, ont été bistournés et tout s’est bien passé. Les hôtes des Iscles invitent alors les participants a venir prendre l’apéritif dans la salle de réception où de nombreux trophées et souvenirs de la manade garnissent les murs. Le feu crépite dans la cheminée et les discussions vont bon train. Une ambiance très chaleureuse à l’image des manadiers qui m’ont fait l’honneur d’être parmi eux.