C’est l’hiver, il fait froid et les températures sont négatives. Le taureau supporte ces événements climatiques à condition de pouvoir s’abreuver régulièrement. Lorsque les points d’eau et les roubines sont recouverts d’une pellicule de glace, ils sont alors en difficulté. Le manadier sait qu’il va falloir intervenir dans les différents clos pour s’assurer que le bétail a accès à l’eau. Il y a plusieurs façon de procéder en fonction du lieu et de la configuration du point d’eau. On peut ouvrir des martelières pour créer un léger courant dans les roubines, ce qui aura pour effet de limiter la formation de la glace. Mais une fois que la glace est installée, il n’y a qu’une façon de rétablir « l‘eau courante », c’est de la briser.
Chevaux et taureaux ont leurs petites habitudes, pour s’abreuver. Aux piétinements des berges on repère facilement les endroits où ils se rendent habituellement. Les animaux ne savent pas toujours comment s’y prendre pour briser la glace surtout lorsqu’elle est épaisse.
C’est à l’aide de pelles que Laurent et Fabien, vont casser la pellicule de glace. Ils vont surtout dégager les bords du plan d’eau et rejeter les plaques de glace dans les zones moins accessibles aux taureaux.
On aura parcouru 10 km en voiture pour accomplir cette tâche qui aura duré toute la matinée et il faudra répéter l’opération autant de jours que durera la vague de froid. C’est un travail d’éleveur avec les particularités de l’élevage en plein air mais concernant des animaux loin d’être totalement domestiqués.
Le manadier profite de cette incursion dans le pays, pour s’assurer du bon état des animaux. Il inspecte les chevaux attentivement l’un après l’autre. Pas de plaie, d’irritation ou de lésion qui éveille l’attention. Pour les taureaux, pas question de pouvoir les approcher. Il faudra se contenter de les observer de loin. Boitent-ils ? s’alimentent-ils bien ? Seul une bonne connaissance des animaux peut permettre de déceler une souffrance ou l’évolution d’un problème déjà détecté auparavant. Un travail de berger en quelque sorte.
Jean-Pierre Trouillas