Franquevaux : les vestiges d’un passé qui a façonné la Camargue Gardoise

  • Pierre Boyer devant un des vestiges la porte des moines de l'ancienne abbaye de Franquevaux
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La richesse patrimoniale insoupçonnée qui se cache dans le hameau de Franquevaux compte parmi les joyaux de la Camargue Gardoise classée « Grand site de France » depuis 2014. Pas moins de quatre abbayes jalonnaient ce territoire au moyen-âge ; Psalmodie, Sylveréal, Ulmet et Franquevaux.

L’histoire de la vie monastique à cette époque montre comment ce territoire hostile a été apprivoisé par les religieux de l’ordre de Cîteaux qui ont su mettre en valeur ses richesses. C’est à Franquevaux qu’il reste le plus de vestiges visibles de ce passé qui a révélé les atouts de cet espace naturel entre Costières et Camargue. 
La grande particularité de ce trésor bien caché est que le hameau sur le territoire de la commune de Beauvoisin, d’environ cent cinquante âmes aujourd’hui, a depuis la révolution englouti ces vestiges. 

 

Pierre Boyer, la mémoire du hameau

C’est en véritable passeur de mémoire que le viticulteur, aujourd’hui à la retraite, participe depuis de nombreuses années à témoigner de l’authenticité et de la richesse culturelle et patrimoniale du hameau de Franquevaux sur la commune de Beauvoisin. « Aussi petit soit-il, ce village qui a absorbé les vestiges d’une ancienne abbaye a une âme ! » dit le passionné d’Histoire.

Dans ces écrits, et lorsque l’occasion lui en est donnée, l’homme raconte Franquevaux dans le détail, avec beaucoup de brio, et c’est tout un monde qui revit à chaque fois. Pour l’historien amateur éclairé, il ne fait aucun doute « Au moyen-âge les moines des abbayes cisterciennes furent les pionniers de la mise en valeur de la Camargue Gardoise. »

L’octogénaire, dévoué à son hameau, a rassemblé, compilé et rédigé de nombreux documents qui permettent aujourd’hui de comprendre comment les hommes et surtout l’activité économie ont pu se développer dans ce pays marécageux qui n’avait pour ainsi dire que la fièvre paludéenne à offrir.

 

 

 

Face aux étangs du Scamandre

Pour Franquevaux, tout a commencé au milieu du XIIe siècle, avec un groupe de moines cisterciens menés par un abbé, qui a traversé la France à pied pour rejoindre des terres offertes par un châtelain de Beauvoisin. C’est à partir de là que commencera la longue histoire du hameau, face aux étangs du Scamandre, où les religieux vont construire une abbaye qui deviendra l’une des plus importantes du Languedoc et qui sera le théâtre d’une évolution prospère.

Pendant la Révolution française, les moines seront chassés, leurs biens confisqués et les édifices ravagés. Un ancien capitaine de la garde impériale de Napoléon Ier se verra alors céder les vestiges de l’abbaye. Les nombreux partages entre ses descendants et les nouvelles constructions sur les ruines de l’ancienne abbaye vont petit à petit donner un nouveau visage au hameau.

Un édifice austère mais certainement majestueux autrefois

Que ce soit un des murs de la nef, les voûtes de la salle capitulaire ou bien encore les bas-reliefs de l’ancienne cour du cloître, de nombreuses parties de l’ancienne abbaye ont survécu aux maintes péripéties auxquelles la construction cistercienne a dû faire face. La révolution et les camisards ont laissé en ruine un édifice austère mais certainement majestueux autrefois devant les marais camarguais. 

Un plan, superposant l’ancien édifice et les constructions actuelles, a été réalisé il y a quelques années par un d’habitant et permet aujourd’hui d’y voir un peu plus clair. Il faut distinguer deux parties ; la partie originelle construite en 1143, qui abritera l’ascétisme et la rigueur liturgique dont font preuve les moines cisterciens de l’époque, et les parties plus récentes où a été aménagé un gîte dédié au tourisme. Cette seconde partie révèle la vie plus décadente des abbés commanditaires du XVIIe siècle qui aménagèrent l’abbaye en résidence secondaire pour la chasse – et impressionner leurs invités – à une époque où le paraître avait eu raison de la spiritualité dans la grande cour d’honneur, aujourd’hui petite place du hameau.

Personne ne sait vraiment qui a pu dessiner ce plan qui juxtapose les constructions récentes et l’emplacement des anciens édifices de l’abbaye de Franquevaux.

 

Pour Monique Christol, adjointe à la Culture, au Tourisme et à Franquevaux, qui œuvre pour sa préservation depuis le début de son mandat à la municipalité de Beauvoisin, la numérisation et la mise en lumière de ces vestiges de façon virtuelle pourraient être un bon moyen de voir enfin ressurgir le passé historique du petit village.

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A propos de l'auteur :

Guy Roca