Cinéma au Scamandre pour des « Passions votives »

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Une fois encore, salle comble pour cette « Belle Soirée du Scamandre » où nous avons eu le plaisir de voir un documentaire réalisé par Nicolas Pinchinot et Aude Chevalier-Baumel. Passions Votives est un film qui  se distingue de tout ce que nous avons pu voir à ce jour sur le sujet. Avant tout, la qualité des images. Par exemple, la position de la caméra qui, sans en abuser, nous donne un flou très subjectif pendant le déplacement de l’abrivado. Ce n’est qu’un exemple frappant, le reste est à découvrir. Pour le fond, les réalisateurs ont pris bien soin  de ne pas  «  tirer sur tout ce qui bouge » comme on le voit beaucoup trop souvent. Leur parti pris – réussi – a été de cibler divers événements de confronter des générations de « fêtards », de rencontrer  deux générations de manadiers, qui plus est : père et fille. Ils nous ont promené dans les coulisses des préparatifs, sans oublier l’analyse ou l’histoire de ces passions.

Nicolas Pinchinot, vous êtes journaliste à TV SUD depuis une dizaine d’années. Pendant la saison, depuis quatre ans, vous couvrez une quarantaine de fêtes pour faire « le JT des fêtes votives » Qu’est ce qui vous a poussé à réaliser ce documentaire ?

Nicolas Pinchinot – En effet, nous faisons tout l’été un village par jour, ce qui est un véritable marathon et de ce fait je me sentais un peu frustré. Je pensais qu’il était dommage de ne pas prendre plus de temps pour raconter l’histoire de la  fête, parce qu’il s’y  passe vraiment des choses intéressantes. On a voulu montrer le bon côté de la fête, car elle est importante dans la vie des habitants de Provence au Languedoc. Voilà, nos motivations pour nous lancer dans ce « cinquante deux minutes ». Pour justement éviter les clichés, nous n’avons pas voulu de voix « off » racontant telle ou telle histoire sur la Camargue. Nous sommes allés directement vers les personnages principaux,  Sébastien et Caroline, avec les pères qui sont avec eux, d’ailleurs. Les personnages nous racontent leur passion pour la fête, c’est ce qui nous aide à comprendre le sens du film.

Vous avez voulu mettre en évidence les deux générations, pourquoi cette confrontation ? 

Nicolas Pinchinot – Parce que je suis passé par d’autres régions, d’autres villages où il y a des fêtes et, où chacun reste dans sa tranche d’âge. En Camargue, au contraire, il y a un brassage multi générationnel. C’est vrai que, quelquefois, les « vieux » se méfient des « jeunes » trop bruyant, mais d’une manière générale, ils rajoutent qu’ils ont « autant fait  les couillons ». Je n’ai pas trouvé ça ailleurs.

Chez les manadiers, vous présentez père et fille. Même s’il a évolué, ce milieu est assez misogyne, l’avez-vous ressenti ? 

Nicolas Pinchinot – Oui, nous l’avons ressenti puisque Caroline nous en parle. Ce que je peux remarquer, c’est qu’il y a de plus en plus de femmes qui montent à cheval. Si le père de Caroline peut paraitre un peu rustre, ce n’est pas le cas des jeunes. Même s’ils pensent quelquefois qu’ils sont plus forts dans des situations délicates, c’est plus une réaction protectrice que machiste.

On a vu la violence qui se dégage autour taureau ou quelques fois dans le public, c’est  une particularité locale ? 

Nicolas Pinchinot – Je n’y avais pas spécialement porté attention, si les deux anthropologues qui ont travaillé avec nous n’en avaient pas parlé. Pour avoir vu d’autres villages, je pense qu’il y a beaucoup plus de violence qu’en Camargue. Je crois que l’adrénaline qu’ils se font monter en se défoulant sur le taureau, leur coupe l’envie d’aller se bagarrer. Bien sûr, l’alcool aidant, il y a quelquefois des dérapages, mais les choses se régulent rapidement.

Sur la photo ci contre, la nouvelle direction du Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise :
A droite, le Président Patrick Bonton
A gauche, Jean Gabriel Broc, nouveau directeur du Centre de Découverte du Scamandre.

Comme l’a, précisé Nicolas Pinchinot, deux anthropologues ont participé à la réalisation de ce film. Nous avons rencontré l’un d’eux, Frédéric Saumade, qui assistait lui aussi à la projection. Frédéric Saumade est professeur des Universités, Directeur du département d’anthropologie d’Aix-Marseille Université. Neveu de manadier, baigné dans le milieu de la bouvine, il s’est orienté, entre autres travaux,  vers le taureau. Pas seulement en Camargue, mais dans tous les coins de  terre où les hommes se confrontent à ce noble animal, Espagne, Portugal, Amérique du Nord ou du Sud etc… Des jeux à l’élevage, rien ne lui a échappé !

 Nous avons rencontré Frédéric Saumade et nous vous proposons, dans les jours à venir, de vous livrer l’entretien fort instructif et intéressant qu’il a bien voulu nous accorder.  En attendant, si vous avez l’occasion de voir ce documentaire ne vous en privez pas.

Centre de Découverte du Scamandre
Les Iscles
Gallician 
30600 Vauvert
Tel. 04 66 73 52 05

Edmond Lanfranchi

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A propos de l'auteur :

Guy Roca