Les 30èmes journées du patrimoine

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Photos © Christian Lintzer

Les 30èmes journées du patrimoine, les 14 et 15 septembre dernier, ont comme d’habitude été un large succès auprès du public. Cette édition avait pour thème « 1913-2013 : 100 ans de protection » en référence à la loi du 31 décembre 1913, texte fondateur pour la protection des monuments historiques en France. Cette double commémoration invitait à prendre la mesure de l’extraordinaire vitalité de l’action patrimoniale depuis cent ans et de l’engagement de l’ensemble des acteurs du patrimoine, privés comme publics, bénévoles comme professionnels.

 

Sur Vauvert, ce week-end, la palette des rencontres revêtait un beau reflet, avec des conférences, des visites guidées, des discussions que cela soit au niveau préhistorique, historique et environnemental.

Divers rendez-vous s’offraient à vous:

Tout d’abord l’exposition « 17 000 ans de peuplements et d’échanges à Vauvert » qui retrace les résultats de la fouille archéologique de la ZAC de la Condamine.

 

C’est à l’occasion de l’aménagement de ce lotissement, qu’une fouille préventive fut demandée par l’Etat, et donc effectuée par les archéologues de l’INRAP (institut national de recherches préventives) qui ont plongé dans le passé de Vauvert faisant ressurgir 17 000 ans de présence des hommes sur ce territoire.

Dès le Paléolithique supérieur (environ 16 000 ans avant notre ère), des groupes nomades de chasseurs-cueilleurs s’installent sur ce territoire et y débitent des silex, dont plus de 5000 ont été mis au jour. Au Mésolithique (environ 7 000 ans avant notre ère), de minuscules pointes de flèches signalent la présence des hommes.

Quelques millénaires plus tard, au Néolithique final (3000 ans avant notre ère), ce sont des sédentaires ayant adopté un mode de vie fondé sur l’agriculture et l’élevage qui occupent le site. Plus tard encore, à l’âge du Fer (500 ans avant notre ère), le mobilier conservé dans un état exceptionnel illustre la vie quotidienne des populations, les pratiques agricoles, l’élevage, les modes d’habillement ou d’alimentation.

La fouille préventive menée en 2011-2012 par l’INRAP aura ainsi permis de compléter les données déjà recueillies sur ce secteur (par Frédéric Bazille, Directeur de Recherches émérite au C.N.R.S), et d’observer plusieurs milliers d’années de peuplement.

L’exposition propose une sélection de mobilier issu de la fouille, mise en perspective avec des panneaux documentaires largement illustrés. Le parcours, chronologique, s’attache également à inscrire les résultats de ces recherches au sein d’un état régional des connaissances. C’est ainsi tout un pan de l’histoire de Vauvert et de ses alentours que les chercheurs restituent au public.

Ce samedi 14 sept, à l’auditorium de l’espace Jean Jaurès, dès 14h30, ce fut l’archéologue Pierre Séjalon qui en co-responsable des fouilles sur Vauvert, a immergé la quarantaine de personnes présentes dans les gigantesques et pourtant si proches et minuscules méandres des temps géologiques. Sa conférence d’un peu plus d’une heure, nous a fait remonter le temps, ses explications avec images des méthodes de fouilles, de résultats, d’hypothèses, de tous les cheminements possibles allant de l’infimement petit à l’infiniment grand et cela dans un langage accesible à tous a ravi le public. La passion de son métier et sa joie de transmettre ses connaissances et découvertes transpiraient à chacun de ses mots. Un moment que j’ai personnellement vécu avec un énorme plaisir. De plus cet archéologue a pris le temps de répondre à toutes les questions du public agé de 10 ans à plus de 80 ans. A noter que ces objets retrouvés sur Vauvert ne seront plus visibles ailleurs car il y a encore beaucoup de travail à effectuer dessus et puis car il n’y aura pas de place pour les exposer, ce qui est fort dommageable quand on sait la rareté de telles découvertes, à moins que la municipalité de Vauvert ne fasse un musée, comme il en fut question avec les archéologues de l’INRAP. Enfin cette exposition souligne avec justesse la réalité des mouvements de populations, des changements climatiques, lors de la préhistoire, ce qui a pu être prouvé avec les fouilles de Vauvert, d’où une réflexion sur l’humain d’aujourd’hui, sur ses migrations et donc sur son évolution, à la fois cyclique et continue. Cette expo est visible jusqu’au 26 septembre, je vous conseille vivement d’aller la voir car fort enrichissante.

Ensuite, toujours ce samedi 14 septembre, à la même heure, Alain Teulade, président de l’association d’histoire Posquière-Vauvert, proposait une visite de Vauvert. Depuis l’église, il a habillé les traces du passé par de passionnantes explications, faisant le lien entre un hier historique et un aujourd’hui qui ne sait plus prendre le temps de regarder autour de soi.

 
 

Puis toujours ce samedi après-midi 14 septembre, le patrimoine environnemental au fil du temps, fut à l’honneur, au centre du Scamandre, avec « la Camargue entre deux siècles. » Y fut présenté le film Camargue, terre des artifices par Claude Timon-Gaignaire et de Bernard Picon. Ce dernier, un sociologue spécialiste des relations homme-nature en Camargue est d’ailleurs intervenu lors d’une conférence. Le public put aussi admirer les photographies de Lionel Jullian et découvrir le livre « Beauduc, pièce de silence ». Bref une belle après-midi sur le patrimoine qu’est la Camargue.

Enfin ce dimanche 15 septembre, Alain Teulade évoqua l’importance de la place du protestantisme dans le patrimoine vauverdois.

Un seul regret par rapport à ces journées du patrimoine sur Vauvert, c’est que trois des rendez-vous sur quatre se déroulèrent en même temps, dommage pour les intéressés qui ont du se résoudre à choisir entre patrimoine préhistorique, historique et environnemental.

L’élan et l’effort de proposer un tel programme est tout de même non négligeable et encourageant pour la culture à Vauvert, souhaitant qu’à l’image des journées européennes du patrimoine qui prolongent depuis près de 30 ans l’héritage transmis par la loi de 1913, cette volonté puisse perdurer encore longtemps car comment vivre le présent et envisager un avenir si nous ne connaissons pas le passé ?  A l’échelle nationale, au-delà de l’enthousiasme qui anime ces deux journées de septembre tant attendues, elles stimulent la fréquentation pérenne des monuments publics et privés, tout en favorisant la compréhension et l’appropriation des enjeux de la politique de protection du patrimoine par les citoyens de tous les âges.

Sophie Pagès

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A propos de l'auteur :

Guy Roca