La galerie du bonheur expose deux artistes depuis le mois de mai, Vincent Lasserre et Pascal Comelade, deux musiciens, l’un catalan, l’autre camarguais, acteurs, figures de la scène rock, l’un joue du piano, l’autre de la batterie et tous deux du pinceau et du crayon depuis l’enfance.
Pour leur création ou récréation de plasticiens, le rock demeure le sujet essentiel.
Vincent Lasserre adolescent voulait faire des études d’archéologie, mais le dessin, la peinture et surtout le rock en ont décidé autrement. Cependant selon ses propres mots et à l’instar de Pascal Comelade, il a, ils ont un rapport quasi archéologique avec cette musique et ses objets, les disques, leur iconographie, les fanzines et magazines qui transmettaient et transmettent le rock.
De Pascal Comelade, on a écrit : « Le musicien Pascal Comelade produit depuis des lustres, en dilettante absolu et de façon assez cyclothymique, quelques peintures et collages réalisés avec les mains et en couleur, la plupart du temps. On y voit des images en relief de tourne-disques morts, des représentations assez ressemblantes (en le disant vite) de héros du peuple (Batman, Vince Taylor, Lee Marvin…), des scènes de genre, des allégories historiques, de la perspective d’autotamponneuses, des perruques de Phil Spector et du Captain Beefheart de salon. Hardiesse des coloris, audace des formes… On citera, pour ce qui est des influences manifestes : Robert Williams, les vignettes Panini, Steve Keene, les graffitis de pissotières, les calendriers des PTT et les publications Elvifrance. »
Il a sollicité nombre de peintres ou dessinateurs pour illustrer les pochettes de son imposante discographie, Chaissac, Combas, Willem…, et collabore comme musicien à des performances avec des peintres contemporains, dernièrement avec Hervé Di Rosa à la Maison Rouge (Paris) et avec Miquel Barcelo au musée Picasso (Paris), puis en avril dernier pour l’ouverture du festival Kyotographie à Kyoto (Japon) et à Salamanque (Espagne) où Miquel Barcelo investit la ville pour les 800 ans de l’université.
C’est au début des années 2000 qu’il commence à exposer ses créations dans quelques musées ou centres d’art, à Barcelone, Figueras, Paris, Sète ou Céret et tout dernièrement au musée de Collioure. Il a exposé au Cailar en 2002 à la Maison Mathieu une installation Le grand pianonaniste, et en 2012 pour la première édition de l’exposition C Rock, à la galerie du bonheur.
Enfant, Vincent Lasserre dessinait inlassablement dans l’appartement familial habillé de reproductions de peintures où son père peignait à ses heures de loisirs. Il accompagnait sa mère lorsqu’elle allait voir des expositions, à l’opéra aussi et c’est avec elle qu’il a vu ses deux premiers spectacles de variétés, Les Frères Jacques et Charles Trenet.
Il commence assez tôt à jouer du piano mais dès sa découverte du Rock’n’roll en 1962, il achète caisse claire et cymbale et commence à former des groupes dont les Jerks qui ouvriront la Churascaïa en 1965 et où ils joueront jusqu’en 1967. Il y entame une carrière de disquaire – on ne disait pas Dj alors – qui le conduira à la Colombière à Orthez et au Play Boy à Biarritz, à Hossegor aussi, ce qui a fortement contribué à sa culture musicale pop rock.
Parallèlement, il dessine et peint beaucoup les nuits où il ne travaille pas et expose à Nîmes, Aigues-Mortes, Lunel des œuvres influencées à la fois par le rock et la science fiction dont il est un grand lecteur. Il s’essaye même à Paris au début des années 1970, mais le succès n’arrivant pas assez vite à son goût, il redescend à Aigues-Mortes où il alterne une activité de Dj jusqu’au milieu des années 1980 et de musicien au sein de plusieurs groupes de reprises, St Louis Group notamment, ou de créations les Kidnappers, incontournables pour la scène rock de par ici.
Il créé à l’occasion des affiches pour quelques groupes ou manifestations rock et pratique le collage pour, à loisir détourner, recomposer, recréer des pochettes de disques comme si les originales dont il a pléthore ne lui suffisaient pas.
C’est tout cela et comme une suite à la soirée RIFFifi du 9 août 2013, pour la St Amour où ils ont partagé les planches de la petite scène de la galerie du bonheur, qui m’a amené à leur proposer cette exposition, la deuxième édition de l’exposition C Rock, pour laquelle ils ont créé un bel ensemble de peintures, dessins, collages et objets.
(Textes de Jean-Marie bénézet, photos de Stéphane Chesnais)