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Pour beaucoup, aller voir un film de Woody Allen, c’est déjà partir avec un jugement (presque) tout fait, tant il jouit dans notre pays d’une cote de popularité que bon nombre de nos gouvernants lui envieraient… C’est avec sa maestria non usurpée, que dans Blue Jasmine, il nous fait vivre l’histoire de cette grande bourgeoise ultra-riche – Cate Blanchett – qui se déplace dans un luxe arrogant au côté d’un époux – Alec Baldwin – collectionneur de jolies femmes et escroc notoire. Bien mal acquit ne profitant jamais, la chute du mari, provoquera la déchéance de la famille. Jasmine se réfugiera chez sa sœur Ginger – Sally Hawkins – qui est tout son contraire : petite caissière, elle vit dans un appartement de troisième zone entourée d’amis plus ou moins alcooliques hurlant devant un téléviseur. L’interprétation de tous les personnages est magistrale. Cependant, il est impossible de ne pas s’attarder sur Cate Blanchett, (et pas seulement pour sa grande beauté) tant elle porte ce film qui la voit tour à tour rayonnante et le plan suivant complètement décrépie. Après la classe de cette sublime maîtresse de maison naviguant autour des ses invités, on retrouve cette demie démente, parlant seule sur un banc, tout prête à sombrer dans la clochardisation.
Woody Allen a eu la virtuosité de s’emparer de ce phénomène de société – grandeur et décadence – et de le traiter tour à tour avec humour et le drame qu’il faut sans sombrer dans un pathos de bas étage. Aujourd’hui, nous avons malheureusement les exemples quasi quotidiens du déclassement du cadre qui se retrouve à dormir dans sa voiture, mais le génie de Woody Allen, c’est d’avoir transposé ça à une grande bourgeoise, alcoolique mondaine, dépressive de surcroît qui ne peut s’empêcher de se raconter des histoires et de s’inventer une nouvelle situation de luxe tant le côté prolo n’était pas « à sa convenance ».
Les images superbes de la baie de San Francisco, ne gâtent rien à l’affaire. Et pour notre grand plaisir, Woody Allen ne pouvait rater son fond musical Nouvelle Orléans et Blues. Le tout est superbe. Embarquez-vous pour 1 heure 38 de bonheur !!!
D’autre part, dans l’actuel programme du Sémaphore qui se termine le 22 octobre vous retrouverez la riche programmation de cette rentrée. A retenir, pour les amoureux du noir et blanc, le Chef d’œuvre d’Alain Resnais « Hiroshima mon Amour » avec Emmanuelle Riva, Bernard Fresson et Eiji Okada.
Avec un peu de retard, peut être, « coup de gueule » après la disparition de Bernadette Lafont. Cartons rouges à nos chaines de télévision qui n’ont pas eu la décence de faire une soirée hommage à cette grande et talentueuse artiste.
Honte à eux.
Edmond Lanfranchi