La Coupo Santo : Un chant, un hymne

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C’est donc au cours d’un grand banquet qui a été offert aux Catalans le 30 juillet 1867 que les félibres provençaux remirent la Coupe à leurs amis. Victor Balaguer prononça un discours fervent et émouvant auquel Frédéric Mistral, prévenu de ce présent précieux, répondit en composant « La Cansoun de la Coupo ». Il la chanta à cette occasion pour la première fois. Lors du banquet, la Coupe passa de mains en mains et chacun y but du vin de Châteauneuf-du-Pape provenant du vignoble de la famille Mathieu, l’un des sept fondateurs du Félibrige. Ce chant de sept couplets, composés de quatre vers de sept pieds et un refrain de cinq vers, mêle des sentiments de nostalgie et d’espérance avec un refrain au vigoureux enthousiasme. L’air est celui de « Guihaume, Tòni, Pèire », un noël de Saboly (noëlliste comtadin du XVIIème s.).). Ce chant est devenu naturellement l’hymne du Félibrige, de la Provence et plus largement de l’ensemble des pays d’expression de langue d’Oc.

 

Lors de la guerre 14-18 La Cansoun de la Coupo retentit dans les tranchées en Lorraine, faisant signal aux soldats du Midi. En 1924, le président de la République, Gaston Doumergue, fut accueilli dans les arènes de Nîmes par La Cansoun de la Coupo chantée par des milliers de personnes. Il en fut de même en 1950 à Toulouse pour le Président Vincent Auriol.

A l’occasion du cent-cinquantième anniversaire du Chant de la Coupe, la tradition évolue 

Désormais chanté debout, on pourra l’applaudir 

Le Félibrige est une nouvelle fois soucieux de défendre une culture tout en respectant l’évolution de nos sociétés. Il suggère que « l’hymne provençal », La Cansoun de la coupo, interprété pour la première fois par Fréderic Mistral le 30 juillet 1867, soit entonné debout et puisse être applaudi. Une évolution notable dans les habitudes pour ce chant célébrant la fraternité et l’amitié entre deux peuples dont l’usage, jusqu’à présent, voulait que l’on ne se dresse qu’au dernier couplet et que l’on n’applaudisse pas. 

Explications

Parfaitement conscient et respectueux du fait qu’un hymne, même compris au sens de chant identitaire, ne s’applaudit pas, le Felibrige ne saurait mettre en cause cette notion élémentaire de déférence envers le symbole de caractère national et/ou philosophique qu’il représente. Toutefois, prenant en compte des pratiques actuellement constatées, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la Coupo, le Consistoire du Félibrige propose de faire évoluer les attitudes, habitudes et traditions relatives à l’exécution de la Cansoun de la Coupo. 

– Considérant l’absence de tout témoignage probant sur le moment historique de la remise de la Coupe, on peut aisément imaginer que les convives, lors du banquet du 30 juillet 1867, restèrent assis quand Frédéric Mistral interpréta pour la première fois la Cansoun de la Coupo mais qu’à contrario ils applaudirent chaleureusement.

– Considérant le fait qu’aujourd’hui la tradition de ne pas applaudir un hymne s’estompe peu à peu notamment lors des rencontres sportives, mais également lors d’interprétations en des lieux ou circonstances diverses y compris des instants patriotiques et officiels.

– Considérant aussi que cette expression enjouée et spontanée traduisant engouement et enthousiasme n’est en aucun cas en opposition avec la notion de respect portée aux hymnes.

Le Félibrige, garant de l’héritage moral de Frédéric Mistral, invite désormais à ne plus s’insurger contre les applaudissements qui pourraient ponctuer la Cansoun de la Coupo.

Toutefois, cette indication ne s’appliquera pas dans des cas spécifiques, dans certaines occasions, situations ou lieux dans lesquels il conviendra foncièrement de respecter le silence (où le silence s’impose de lui-même).

– Considérant les statuts du Félibrige de 1911 et 1934 qui stipule à l’article 110 : « Au moumen di brinde, lou capoulié canto la Cansoun de la Coupo que tóuti escouton de dre en anant au refrin » (Au moment des brindes le capoulié chante la Chanson de la Coupe que tous écoutent debout).

– Considérant la pratique bien ancrée au fil des années de se lever au dernier couplet, aujourd’hui quelque peu dépassée, les hymnes se chantant debout dans leur intégralité.

– Considérant que dans les rencontres bilatérales entre félibres et Catalans il y a un déséquilibre entre les premiers qui entonnent assis La cansoun de la Coupo et les seconds qui chantent entièrement debout Els Segadors.

Le Félibrige, garant de l’héritage moral de Frédéric Mistral, invite désormais à ne plus s’offusquer de l’attitude naturelle qui conduit à se lever dès le début de la Cansoun de la Coupo.

 

En conséquence :

À compter du 30 juillet 2017, jour du cent-cinquantième anniversaire de la remise de la Coupo et de la première interprétation de la Cansoun de la Coupo, au regard des faits originels, de l’évolution et des pratiques actuellement constatées : 

– le Félibrige préconise de se lever dès le premier couplet de la Cansoun de la Coupo et suggère de ne pas blâmer les personnes qui, dans l’enthousiasme, seraient tentées d’applaudir.

– Le Félibrige invite les hommes à se découvrir la tête dès les premières notes.

– Le Félibrige précise que le dernier couplet chanté (le septième) s’interprète toujours un peu plus lentement et solennellement.

– Le Félibrige recommande toutefois de nuancer entre actes festifs et enthousiastes et actes commémoratifs et solennels. Le silence devra être respecté en des lieux et circonstances particuliers.

 

Recommandations :

– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée partiellement pour ponctuer un événement ou une cérémonie, le Félibrige préconise que soient chantés les couplets un, deux, quatre et sept.

– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée au cours d’un récital ou d’un concert, elle est considérée comme partie intégrante du spectacle. Libre aux auditeurs de réagir comme ils l’entendent.

– Le titre donné au chant par Frédéric Mistral étant « La Coupo » ou Cansoun de la Coupo, il est conseillé, recommandé d’employer cette dénomination et d’éviter l’appellation de « coupo santo ».

– Cet exposé relatif à la décision du Consistoire du Félibrige du 26 novembre 2016 à Lavercantière (Lot), fut approuvée par le Conseil Général du Félibrige du 5 juin 2017 réuni lors du congrès du Félibrige dit La Santo-Estello à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).

Le Capoulié du Félibrige

Jacques MOUTTET

14ème successeur de Frédéric Mistral à la tête du Félibrige

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A propos de l'auteur :

Guy Roca