Eugène Magnan « Nénou » : l’homme qui parlait aux roseaux

  • 1959 : On fait la fête à Gallician Debout, de gauche à droite : Jacky Dumas, Jean-Louis Inesta, André Laurent dit « Risette », Jean-Pierre Plagne, Robert Bourrelly Assis : Jean Inesta Accroupis : Roger Bourrelly, Eugène Magnan dit « Nénou », Jacky Barre, Daniel Tufféry, Max Vigouroux dit « Maxou », Lucien Magnan
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Eugène Magnan 

Bonjour Nénou, le marais pour vous, c’est comme la marmite du druide, vous y êtes tombé dedans quand vous étiez petit.

Je ne suis pas né dans le marais mais c’est tout comme. Je suis né à Aimargues, d’où mon père était originaire, le 14 février 1936, le jour de la Saint-Valentin. Je n’y suis resté que six mois. Puis mes parents ont déménagé au mas du Pin de fer, sur la route des Saintes-Maries de la Mer, où mon grand père paternel  était régisseur (Avec mon oncle qui lui a succédé, ils y sont restés quatre-vingts dix ans en tout). A l’âge de deux ans, je suis venu au mas Brulé, entre Gallician et la Laune, où vivaient mes grands-parents maternels. Et depuis, nous sommes restés là. Ma mère, c’était une vauverdoise, une Jalabert. Elle avait deux frères (Nanou et Maurice) et deux sœurs (Lucette et Alice, la mère de René Girard). Je suis également le petit cousin de René Jalabert, l’ancien gardian, membre fondateur de l’association des gardians professionnels. J’ai dix frères et sœurs.

Votre enfance s’est déroulée dans un environnement de liberté, perturbé cependant par l’occupation allemande.

Au moment de la guerre, je me souviens, j’avais huit ans quand j’allais chercher du pain avec la carte de rationnement en vélo à Aigues-Mortes. Comme mon père travaillait, j’avais cette responsabilité. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Tout le long du canal, je rencontrai les allemands. Il y en avait de partout. Mais moi, je poursuivais mon chemin, tranquillement. Ils ne m’ont jamais rien dit. Aux enfants, ils ne disaient rien.

Votre père travaillait aux champs ?

Oui, il a commencé sa vie professionnelle comme ouvrier agricole. Son père était responsable d’une exploitation, mais, comme ils avaient des caractères bien trempés l’un et l’autre, ils ont travaillé séparément. Mon père est venu au Mas Brulé lorsque j’avais deux ans, il faisait la sagne l’hiver et des travaux agricoles les autres mois. Puis, il est rentré à la Source Perrier où il est resté près d’une vingtaine d’années.

Finalement, vous avez suivi un peu le même parcours : la sagne et les travaux saisonniers.

En quelque sorte. Enfant, j’allais en classe à Gallician. Quand j’ai quitté l’école, je n’avais même pas quatorze ans, mon père m’a donné un bateau, une barre, un sagnadou, et il m’a dit : « Tu viens avec moi ». Ainsi, j’ai commencé à couper le roseau sur un bateau. Depuis, je suis dans les marais. J’ai fait la sagne toute ma vie. Et même maintenant, j’en fais encore un peu.

Nous reviendrons sur cette activité, mais pour rester dans la chronologie, parlez-nous de votre jeunesse et de vos premières passions.

Jeune, j’étais absolument passionné par le football. Je le suis encore. J’ai d’abord joué à Générac et puis, bien sûr, c’est au Gallia que j’ai effectué l’essentiel de mon parcours sportif. Je jouais au milieu du terrain et j’avais une hargne extraordinaire. Je me souviens de cette équipe de Gallician, où nous étions pratiquement que des jeunes du hameau, hormis Pierre Lucas et Antonio Gamacho qui venaient de Saint-Gilles.

L’équipe du GCG (saison 59-60)
Debout, de gauche à droite : Pierre Garcia, Albert Maraval dit « Coustelet », Léon Bourrelly, Francis Jouanet, Claude Pauc, André Terrasse, Pierre Revert
Accroupis : Eugène Magnan dit « Nénou », Roger Mattonai, Sébastien Arias dit « Tantan », André Challier dit « Le Maire », Yves Dumas, Franck Mattonai
GCG Saison 67_68
Debout, de gauche à droite : Lucien Dumas (dirigeant), Roger Fromental (président), Gérard Barre, Claude Pauc, Jacques Plagne, Eugène Magnan dit « Nénou », Roger Bourrelly, Robert Laval, Iréné Martin (dirigeant), Robert Marron
Accroupis : Yves Pascal, Jean-Pierre Plagne, Michel Treilles, Jean-Claude Pascal, Max Vigouroux dit « Maxou », Robert Bourrelly
L’équipe du GCG (saison 68-69)
Debout, de gauche à droite : Robert Laval, Pierre Lucas, Emile Imbert, Eugène Magnan dit « Nénou », Jacques Plagne
Accroupis : Robert Marron, Claude Pauc, Max Vigouroux dit « Maxou », André Challier dit « Le Maire », Jean-Pierre Plagne, Jacky Barre

Cette belle aventure au Gallia s’est arrêtée un temps lorsque vous êtes parti en Algérie.

C’est effectivement un moment douloureux de ma vie. J’avais vingt ans quand je suis parti en Algérie et découvert cette guerre qui ne disait pas son nom. J’en avais vingt-trois quand je suis revenu. Durant ces trente mois de séparation, je n’ai eu qu’une seule permission et croyez-moi, j’en ai bavé. Deux opérations, des souffrances physiques et morales… Autant de souvenirs, que je ne veux pas remuer.

Après ces mois de mobilisation sur le sol algérien, vous avez retrouvé Gallician, votre famille, vos amis, et repris vos activités.

De retour d’Algérie, fin 1958, j’ai renoué avec mes passions, le foot, la pêche, la chasse et j’ai repris mon travail dans le marais.

1959 : On fait la fête à Gallician
Debout, de gauche à droite : Jacky Dumas, Jean-Louis Inesta, André Laurent dit « Risette », Jean-Pierre Plagne, Robert Bourrelly
Assis : Jean Inesta
Accroupis : Roger Bourrelly, Eugène Magnan dit « Nénou », Jacky Barre, Daniel Tufféry, Max Vigouroux dit « Maxou », Lucien Magnan

En 1962, vous vous êtes marié et avez fondé votre foyer.

Nous nous sommes mariés avec Yolande (mon épouse est originaire d’Aubord.) en février 1962 et Eric, notre premier enfant est né le 14 août 1962, pendant la fête de Vauvert.

Sont venus ensuite agrandir la famille : Jean-Claude, le 8 novembre 1963, Denis, le 2 août 1966, Sylvie, le 22 juin 1968 et Frédéric, le petit dernier, le 9 septembre 1974.

En dehors du travail dans le marais, exerciez-vous d’autres activités ?

J’ai toujours cumulé plusieurs activités, la sagne, le piégeage des ragondins, les travaux saisonniers, la maçonnerie, l’usine Perrier, les vendanges.

Au début des années soixante, après les saisons de sagne, je faisais le maçon chez Pierre Valette. J’ai participé entre autres aux chantiers du foyer communal et du café du Centre. Ensuite, j’ai travaillé une douzaine d’années à la Source Perrier, aux Bouillens, comme on disait à l’époque ; d’abord comme saisonnier, puis comme titulaire. Le travail à l’usine, ça ne me déplaisait pas mais ça ne payait pas suffisamment. Je continuais à faire de la sagne afin de compléter mes revenus et de  pouvoir nourrir ma famille et mes cinq enfants. Puis peu à peu, comme les travaux dans les marais, rémunérés au rendement, me rapportaient plus que le travail à l’année chez Perrier, je me suis consacré aux activités du marais : la récolte du roseau et la capture des ragondins.

Des activités payantes mais pas de tout repos…

Ah, ça c’est sûr ! La sagne, a toujours été un boulot pénible. J’ai vu des gens s’y épuiser. Comme tous les travaux à la tâche, il faut faire des grosses journées pour bien gagner sa vie. L’hiver, on travaille par tous les temps, le vent, le froid, la pluie. Quand il n’y a pas d’eau dans les marais, on fait un travail de galérien, le roseau se coupe plus difficilement et il faut tirer le barquet pour le déplacer. Une cargaison de trente gerbes de roseau, cela représente cent quatre-vingt kilos à traîner. Alors, je peux vous dire que le corps humain finit par trouver ses limites. Personnellement, je me suis toujours imposé un rythme de travail raisonnable, quatre à cinq heures dans le marais, puis je rentre. Sachant qu’à la maison, il faut encore compter une à deux heures de travail entre la pose des paquets et le nettoyage.

Avant, un bon sagneur faisait cent cinquante paquets dans sa journée ; Un sagneur moyen comme moi faisait cent-vingt à cent-trente paquets. Maintenant, quand il arrive à faire, allez, soixante-dix à quatre-vingt paquets, il peut s’estimer satisfait. Parce qu’il y a de moins en moins de roseau de qualité.

Après guerre, on comptait cent sagneurs à Gallician. Aujourd’hui, il n’en reste plus que sept ou huit : les frères Testud, Bernard et Régis (Eux, ils ont toujours coupé le roseau à la main, de père en fils.), José Volga, les frères Boisset, Gaston et Jacques, qui en font encore un peu, moi, qui continue d’en couper le long de la digue, et deux ou trois autres, Néné Cazes, Michel Couderc,…

Comment s’effectue la coupe du roseau à la main ?

Le paquet de roseau, il faut qu’il fasse soixante centimètres de diamètre. C’est un coup de main. Avec le sagnadou, vous coupez trois poignées ; en général, c’est ça. Moi, en trois poignées, je sais que j’ai mon paquet. Quand je le prends pour le faire taper sur le bateau, au poids, je sais si je l’ai ou si je ne l’ai pas. Alors, parfois, je rajoute une petite poignée. Puis, je le trie et l’égalise.

Et ensuite, vous le liez avec une corde.

Non, avec des joncs. Des petits joncs qui poussent dans les près. Avant, on liait les paquets avec des tiges de « bolo », (la scirpe des lacs, ou le « pas bèu » si vous préférez) ; c’est une plante qui peut atteindre deux mètres cinquante et qu’on trouvait dans les zones humides. Il n’y en a pratiquement plus. Les ragondins les ont faits disparaître.

En dehors de la coupe d’été qui aujourd’hui n’existe plus, le roseau a toujours connu des débouchés économiques intéressants.

Autrefois, on faisait la sagne essentiellement pour la fabrique de paillassons. Il fallait alors disposer d’un roseau de qualité. Plusieurs entreprises se consacraient à cette transformation. Gronchi et Perret à Saint-Gilles, mais également Jullian à Vauvert (en face l’actuel stade Radelyevitch), Augier et Bertrand à Gallician (installés respectivement rue de la Révolution et rue de la Cour de la fabrique).

Ces paillassons servaient surtout à abriter les cultures.

Ils s’exportaient beaucoup dans la région niçoise pour abriter les fleurs. Le roseau offre une grande résistance à l’humidité. Les paillassons permettaient de protéger du froid et de l’humidité les plantes délicates et les boutures. Aujourd’hui, on les a remplacés par des brise-vents en plastique. Je maintiens pourtant que le paillasson naturel en roseau reste un des meilleurs abris. J’en confectionne encore quelquefois pour des tonnelles. Je les fais selon les méthodes traditionnelles, comme dans l’ancien temps ; ils durent dix ans.

La sagne sous 20 cm de glace en 1985 avec son fils Jean-Claude

Avec l’utilisation des machines, la sagne traditionnelle est en voie de disparition.

Je le pense. Mais au-delà, j’ai aussi des craintes pour l’avenir de nos roselières.

La mécanisation de la coupe du roseau a commencé au début des années quatre-vingt. Elle répondait à une explosion de la demande de roseau pour la construction de toitures en chaume. Les premières machines utilisées étaient le radeau et les engins sur roues-cages. Actuellement, la coupe à la machine se fait essentiellement avec des engins équipés de pneus basse pression qui viennent de Hollande.

Le problème, c’est qu’à force de passer dessus, la machine écrase les pousses du roseau. Dans certaines parcelles, il n’est plus exploité qu’une année sur deux.

A mon avis, le radeau reste la forme de mécanisation la plus adaptée à la coupe du roseau. Il s’agit d’une machine flottante, tirée par un câble arrimé de part et d’autre d’une parcelle. Son utilisation exige cependant de maintenir un certain niveau d’eau (au moins 35 cm) dans le marais.

 

La sagne au radeau

Entre la mécanisation quasi-exclusive de la coupe du roseau, la disparition prévisible des derniers sagneurs, la difficulté à renouveler l’eau, les ravages des ragondins et les multiples pollutions, je pense que nos marais sont en grand danger.

Les ragondins, justement, parlons-en.

Les ragondins (myocastors ou castors des marais) sont arrivés chez nous à la fin des années cinquante. J’en ai vu un pour la première fois dans le Crey quand je suis revenu d’Algérie. Je me suis demandé ce que c’était. En fait, ils avaient été introduits en France avant la guerre pour les élevages de fourrure. Chez nous, c’est Picharnaud, propriétaire des Iscles, qui les a introduits afin d’éliminer les « pas bèu », scirpes et typhas, ces mauvaises plantes qui proliféraient dans les rizières.

Seulement voilà, le ragondin se reproduit à la vitesse grand V. La femelle peut faire plus de deux portées par an avec cinq ou six ragondins en moyenne par portée. Quant au mâle, il atteint la maturité sexuelle à sept, huit mois. Sachant que le ragondin peut vivre jusqu’à dix ans, je vous laisse imaginer les conséquences d’une telle reproduction. En l’espace d’une décennie, on a été littéralement envahi. Et comme vous vous en doutez, les ragondins ne se sont pas contentés de manger les « pas bèu ». Si, on n’avait pas « calé », posé des pièges, autrement dit, c’aurait été la catastrophe.

Il n’y aurait plus de roseaux.

Exactement. Moi, en tout, j’ai dû en attraper entre quinze et seize mille, Fernand Bousquet qui avait commencé avant moi en a capturé dix-huit à vingt mille. Une fois, avec Emile Imbert et Max Vigouroux, nous sommes allés caler entre le cinquième et le quatrième (ce sont les fossés qui permettent de faire circuler l’eau du canal dans les marais du Charnier) ; nous avions posé une centaine de pièges et bien, en deux passages, même pas, nous avons ramené cent quatre ragondins.

Au début, je les revendais non éviscérés, entiers, en peau, à une personne qui passait tous les soirs les ramasser. Puis, plus tard, j’ai préféré les dépouiller moi-même. Je faisais sécher les peaux sur des cintres métalliques que je confectionnais. Ensuite, je vendais les peaux directement chez un fourreur qui les faisait tanner. Ça me faisait ainsi une activité supplémentaire. J’en piégeais en moyenne mille deux cents par an.

Combien de temps durait chaque année la capture des ragondins ?

Normalement, on piège les ragondins pendant quatre ou cinq mois, de novembre à la fin de l’hiver, en même temps que la saison de sagne. Il faut attendre que les premiers froids arrivent afin que la fourrure soit bonne. Et, il faut arrêter lorsque la température remonte avant que les poils commencent à tomber.

Aujourd’hui, la fourrure est passée de mode. Le piégeage a perdu son intérêt commercial.

Il existe encore quelques filières de valorisation mais c’est vrai que l’intérêt économique a disparu. Alors, à défaut de les capturer pour la vente de la fourrure, il est important de continuer de les piéger à cause des dégâts considérables qu’ils occasionnent dans le marais. Malheureusement, les opérations de piégeage à l’heure actuelle ne sont pas suffisamment efficaces. C’est un problème de compétence. Il faut piéger au moment propice, avant et après la tombée de la nuit ; il faut changer les pièges régulièrement. Le travail dans le marais ne s’improvise pas.

Le caractère « nuisible » du ragondin ne fait pas de doute… même si certains amateurs se délectent de sa chair.

Bien sûr. C’est un animal qui ne se nourrit que de végétaux, de racines, de plantes aquatiques. Sa chair est tendre, sans goût prononcé. Elle s’accommode facilement en terrines, sautés et autres ragoûts.

Personnellement, je n’en mange pas – J’en ai tellement pelés et nettoyés ! – mais je connais des personnes qui apprécient cette viande rose qui ressemble à du veau. Je me souviens de Paul Bousquet, le boucher de Vauvert, lorsqu’il en a mangé pour la première fois. Il faisait les tournées dans les mas et le vendredi, il s’arrêtait au Café du Pont, chez Colette, la femme d’Yves Dumas. Il prenait l’apéro avec nous. Un jour, au hasard de la conversation, il nous lance : « Les chasseurs, vous parlez, vous parlez, mais j’attends toujours que vous me fassiez manger du ragondin ». Colette, sans se démonter, relève illico le défi : « Je t’en prépare quand tu veux ». Et Paul d’acquiescer sur le champ : « Bon ! Et bien vendredi, je viendrai souper ». Comme convenu, j’ai découpé pour le jour dit deux belles cuisses de ragondin que Colette a admirablement cuisinées. Notre amateur de bonnes viandes s’en est pourléché les doigts. Et il est revenu en manger régulièrement.

Mais le marais, pour vous,  ce n’est pas seulement le travail ?

Non, évidemment. J’y pêche, j’y chasse. J’y occupe l’essentiel de mes loisirs. Nous avons la chance de posséder un patrimoine naturel exceptionnel. Et, ce que peu de gens savent, c’est que depuis l’an 1301 nous disposons également de droits de chasse et de pêche inaliénables. Je me suis toujours battu pour la reconnaissance de ces droits d’usage que les moines de Franquevaux ont légués aux habitants de Vauvert et Gallician.

Pour tout vous dire, je pêche encore un peu mais je ne chasse plus à l’eau, je préfère la chasse à terre. Le sanglier, le lièvre.

Longtemps, vous avez fait les battues aux foulques.

Je ne manquais jamais une battue. J’avais mes passeurs habituels et j’étais régulièrement invité à ces chasses en groupe sur l’étang. « Allez, Nénou, tu mènes la battue ». J’étais ainsi sollicité pour mon expérience, ma connaissance du bateau, de son maniement sur l’étang. En cas de mauvais temps, il faut savoir sortir. Pas question de faire prendre un bain aux actionnaires.

Une bonne battue sur l’étang du Charnier suppose quarante à cinquante bateaux. La manœuvre consiste à avancer en demi-cercle, à enserrer les foulques et à les rabattre vers une ligne de tireurs postés. C’est vite manqué une battue ; si tu fais un trou… adieu, les macreuses.

La battue aux foulques

On commence vers les neuf heures, après le déjeuner. On fait un ou deux coups de main ; un vers les forts – ce sont des îlots au milieu de l’étang – puis on retourne, et un vers le communal.

Ce mode de chasse est plutôt controversé.

Les battues aux foulques, que nous appelons improprement « macreuses », font partie intégrante de la chasse. Si, elles sont aujourd’hui controversées, c’est qu’il y a eu des abus, je le reconnais. Une battue, ce n’est pas un massacre. Il faut savoir s’arrêter quand les foulques commencent à se poser. Il faut juste faire un petit coup de main et ainsi limiter les prélèvements.

De toute façon, les battues se font rares ; il n’y a plus beaucoup de foulques. Elles sont moins nombreuses à nicher dans le marais. Pas assez d’herbe, pas assez de roseau.

Par contre, si je ne la pratique plus, la chasse à l’affut, à la passée du soir ou du matin, reste très intéressante. Le gibier d’eau est toujours aussi abondant dans le Crey.

Votre attachement au marais n’a d’égal que la passion que vous nourrissez pour ce terroir des Costières et pour Gallician.

Vendanges au Mas Bourgarel chez Raymond Blanc

L’espace, le grand air, la liberté, oui, je suis bien dans le marais. Mais n’oubliez pas que je suis également attaché au travail de la terre. Mes grands-parents vivaient et travaillaient dans des propriétés agricoles. Pendant des années, la famille Magnan, nous avons fait les vendanges au mas Bourgarel, chez Raymond Blanc. J’ai apprécié ces moments de ma vie où se mêlaient labeur et convivialité. Encore maintenant, quand j’arpente les vignes de nos belles Costières en chassant le lièvre ou le perdreau, je mesure combien nos agriculteurs marquent le paysage de leurs empreintes. C’est pour moi, un pur bonheur.

 

 

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A propos de l'auteur :

Guy Roca