Ne plus utiliser de pesticides pour les espaces verts,
c’est possible.

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Cimetière paysager de Vauvert entretenu sans produits phytosanitaires

S’il est un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est bien la dangerosité des produits phytosanitaires, insecticides, fongicides, herbicides… Ces produits, appelés couramment pesticides (de l’anglais « pest », « ravageur » en français), peuvent entraîner des troubles sur la santé de ceux qui les utilisent. D’une manière générale, ils représentent un danger pour l’homme et  l’environnement, la flore, la faune.

L’usage de ces produits en agriculture (90 % du tonnage total) a connu un très fort développement depuis les années 70 et permis – il faut bien l’admettre – d’assurer une production alimentaire de qualité. Mais leur utilisation intensive aboutit aujourd’hui à une contamination des milieux naturels et à la présence de résidus dans l’alimentation, dans l’eau, dans l’air.

Depuis plusieurs années, il y a une véritable prise de conscience, lentement mais sûrement, que les pesticides peuvent être mauvais pour la santé. L’Union européenne a développé une stratégie pour réduire leur utilisation en agriculture sans pour autant diminuer les rendements des terres agricoles. En France, le Grenelle de l’environnement a fixé un objectif de réduction de moitié de l’usage des pesticides à l’horizon 2020. Un objectif ambitieux mais crédible, de nature à déclencher de profonds changements des pratiques et des filières agricoles.

Les agriculteurs ne sont pas les seuls utilisateurs de produits phytosanitaires. Les collectivités locales, les gestionnaires de voies (SNCF, sociétés d’autoroutes,..), les particuliers (jardinage, produits insecticides,..) consomment les 10 % restants. En janvier dernier, le Parlement a adopté un projet de loi restreignant leur usage par l’Etat et les collectivités locales. A partir du 1er janvier 2020, ils seront interdits pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts. Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2022, afin de laisser le temps aux industriels de s’adapter, la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel (particuliers et jardiniers amateurs) seront interdites.

L’objectif zéro pesticides sur les espaces publics est une des actions prioritaires que mène déjà depuis trois ans le Syndicat Mixte des Nappes Vistrenque et Costières. En partenariat avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse et la Région Languedoc Roussillon, il propose aux communes un « Plan de désherbage », un plan communal d’amélioration des pratiques phytosanitaires et horticoles (PAPPH).

En quoi cela consiste ?

Il s’agit d’organiser une réflexion sur les pratiques d’entretien des espaces communaux. Le PAPPH vise à établir un zonage de la commune, à définir des objectifs d’entretien et à favoriser des méthodes alternatives au désherbage chimique afin de limiter les risques de transfert de pesticides vers les eaux.

Le PAPPH intègre également la formation du personnel communal et des élus. Il est évolutif et tient compte de l’état des techniques et des connaissances. Pour Sophie Ressouche, la directrice du syndicat des nappes Vistrenque et Costières, « Afin d’entretenir les espaces publics sans utiliser de produits phytosanitaires, il faut une volonté commune des élus et des agents ; l’adhésion des services techniques à la démarche est déterminante ».

Les deux journées de formation à Vauvert, les 20 et 21 février dernier, se sont terminées par la visite du cimetière paysager et de la zone de rejet végétalisée en sortie de station d’épuration. Deux espaces communaux entretenus sans l’emploi de pesticides. Didier Maurel, l’agent responsable du cimetière paysager, nous explique les pratiques et les techniques alternatives utilisées.
Le désherbage des allées se fait manuellement, à l’aide d’une binette ou directement l’herbe tirée à la main. Sur les parties engazonnées ou plantées, on pratique la tonte et le débroussaillage. L’espace est planté d’essences méditerranéennes, peu consommatrices d’eau. Enfin, on utilise largement la technique du paillage qui permet de lutter efficacement contre les mauvaises herbes et de protéger les plantes de la sécheresse, l’été, et du froid, l’hiver. Le paillage peut être minéral (gravier, pouzzolane…) ou végétal (résidus d’élagage et de taille préalablement broyés). La commune a fait l’acquisition d’un broyeur afin de produire du BRF, bois raméal fragmenté, à partir des « déchets » verts. Ce paillage végétal améliore la structure et la richesse du sol.

Didier Maurel et Olivier Colombaud
Didier Maurel et Olivier Colombaud
Olivier Colombaud vérifie le paillage (BRF)
Olivier Colombaud vérifie le paillage (BRF)
La zone de rejet végétalisée
La zone de rejet végétalisée
Un lieu de verdure et de détente
…un cadre de verdure et de détente

D’autres expériences sont menées dans plusieurs communes du Syndicat. A Rodilhan, par exemple, la pelouse du stade est semée en Bermuda Grass, un gazon qui tolère bien la sécheresse et supporte un piétinement intensif. A Aubord, on expérimente le désherbage thermique à eau chaude.

Ne plus utiliser de pesticides pour les espaces verts, c’est possible… et, c’est maintenant.

Désherbage thermique à Aubord
Désherbage thermique à Aubord
Essai de désherbage thermique
Essai de désherbage thermique

Pelouse du stade de Rodilhan

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A propos de l'auteur :

Guy Roca